L’amélioration des systèmes d’alerte précoce profite aux plus vulnérables

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Résultats préliminaires de l’initiative CREWS présentés à la conférence sur le changement climatique

Les populations vulnérables de l’Afrique, des Caraïbes et de la région du Pacifique bénéficient d’ores et déjà de l’amélioration des systèmes d’alerte précoce aux phénomènes extrêmes, dans le cadre de l’action engagée par la communauté internationale pour renforcer la capacité d’adaptation au changement climatique. Des fonds supplémentaires devront être toutefois engagés pour atténuer les menaces que représentent les cyclones tropicaux, les inondations et les sécheresses, entre autres risques climatiques.

 Les premiers résultats de l’initiative sur les systèmes d’alerte précoce aux risques climatiques (CREWS) ont été présentés à une réunion ministérielle qui s’est tenue le 15 novembre dans le cadre de la conférence des Nations Unies sur le changement climatique. Lancée en 2015 à l’occasion des pourparlers de Paris sur le climat, cette initiative entend mobiliser 100 millions de dollars à l’horizon 2020 pour sauver des vies humaines et favoriser le développement durable.

Nicolas Hulot, Ministre d’État français de la Transition écologique et solidaire

 

«Dans le monde post-Accord de Paris, il n’est pas acceptable plus longtemps que des populations ne puissent être prévenues avant une catastrophe météorologique. On doit renforcer dès maintenant CREWS, qui a été lancée à Paris lors de la COP-21, afin de permettre aux plus vulnérables où qu’ils soient de bénéficier d’une alerte précoce et efficace», a déclaré Nicolas Hulot, ministre français de la transition écologique et solidaire. 

«La température moyenne à la surface du globe ne cesse de croître et les catastrophes naturelles ont tendance à se multiplier», a souligné le Secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale, Petteri Taalas, qui a tenu à mentionner les ouragans dévastateurs qui se sont formés cette année dans le bassin de l’Atlantique, ainsi que les inondations, les vagues de chaleur et les incendies de forêt auxquels il a fallu faire face. «Tout en luttant contre le changement climatique, nous devons mettre l’accent sur l’adaptation, et la meilleure façon de s’y prendre consiste à investir dans les services climatologiques et les systèmes d’alerte précoce. Or, l’initiative CREWS sert éminemment cet objectif.»

Les mesures prises au Niger, au Burkina Faso et dans la région du Pacifique dans le cadre de cette initiative ont été mises en avant lors de la réunion organisée sous l’égide du gouvernement français. Les ministres présents ont préconisé une meilleure planification et un financement plus conséquent des systèmes d’alerte précoce dans les pays les moins avancés et les petits États insulaires en développement. 

«Les inondations font partie des risques auxquels le Niger est confronté. En 2012, notre pays a été frappé par les pires inondations des 40 dernières années, et cette année plus de 100 personnes ont perdu la vie dans ce contexte. Auparavant, les populations exposées n’avaient pas accès aux informations et aux alertes concernant les inondations, mais nous avons reçu des fonds au titre de l’initiative CREWS qui nous permettront d’améliorer la procédure d’alerte et donc de prévenir les populations menacées. Nous sommes vraiment très heureux de pouvoir bénéficier de ce soutien», a déclaré Laouan Magagi, ministre nigérien de l’action humanitaire et de la gestion des catastrophes. 

Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, ladite initiative contribue à améliorer les prévisions et les alertes précoces relatives aux conditions hydrométéorologiques, l’accent étant mis sur les risques liés aux sécheresses et aux inondations. La priorité est accordée aux alertes qui concernent l’agriculture, la sécurité alimentaire et la protection civile. Une action similaire est menée en République démocratique du Congo. 

Dans la région du Pacifique, l’initiative en question sert à améliorer les services d’alerte précoce dans le domaine hydrométéorologique pour les Fidji, les îles Cook, Kiribati, Nioué et Tuvalu, le Samoa, les Tonga, les Palaos, Nauru, les îles Marshall et les Tokélaou. 

L’initiative CREWS a été annoncée pour la première fois lors de la conférence de Sendai sur la réduction des risques de catastrophes. Elle s’appuie sur les activités existantes et permet aux pays d’obtenir des financements supplémentaires auprès du Fonds vert pour le climat et d’autres sources. 

Au Mali par exemple, un montant de 2,7 millions de dollars a été affecté au renforcement des services hydrométéorologiques au titre de l’initiative CREWS, ce qui a incité le Fonds vert pour le climat à allouer 23 millions de dollars à cette fin. 

«Cela n’aurait pas été possible sans CREWS», a souligné Laura Tuck, vice-présidente de la Banque mondiale pour le développement durable. «Il nous faut élargir le champ d’application de l’initiative et mettre à profit les mécanismes existants. Des prévisions de qualité conjuguées à des systèmes d’alerte précoce efficaces permettent véritablement de sauver des vies.»

Les femmes sont au centre de l’attention dans la mesure où, lorsqu’une alerte est émise, elles se retrouvent souvent en première ligne. Elles sont de ce fait des ambassadrices idéales de la résilience. 

Espen Ronneberg, conseiller en matière de changements climatiques au Secrétariat du Programme régional océanien de l’environnement, a souligné que dans les îles du Pacifique, on reconnaissait l’importance que revêtent les systèmes d’alerte précoce lorsqu’il s’agit de faire face à des conditions climatiques extrêmes et à des aléas tels que les ondes de tempête. 

«Les cyclones tropicaux Pam et Winston, de catégorie 5, qui ont frappé Vanuatu et les Fidji sont là pour nous rappeler que des systèmes d’alerte précoce efficaces sont indispensables», a-t-il ajouté. 

Le Comité directeur de l’initiative CREWS a approuvé la semaine dernière un nouveau projet portant sur un système d’alerte précoce aux risques météorologiques et climatiques destiné à la Papouasie-Nouvelle-Guinée. Financé à hauteur de 1 650 000 dollars, ce projet vise à améliorer le contrôle et l’entretien du réseau de surveillance des crues et des sécheresses et à adapter les alertes précoces aux besoins des agriculteurs et des responsables de la gestion des catastrophes.

Ledit comité a aussi approuvé un projet destiné aux Caraïbes et visant à faire le point sur l’efficacité des systèmes d’alerte précoce dans le contexte des récents ouragans Irma et Maria. Il s’agira également de répondre aux besoins immédiats des pays touchés en matière de prévision, via les centres mondiaux et régionaux de l’OMM. 

Albert Martis, Représentant permanent de Curaçao et Saint-Martin auprès de l’OMM, a rappelé les ravages causés par les ouragans majeurs qui se sont succédé cette année à intervalles rapprochés. Parmi eux, Irma a provoqué l’interruption de toutes les communications sur l’île de Saint-Martin, mais les autorités sont cependant parvenues à diffuser des alertes pour prévenir la population de l’imminence d’un autre ouragan majeur, José, qui devait frapper l’île quatre jours plus tard. La qualité des alertes a permis de limiter le nombre de victimes, a-t-il précisé, même si l’île de Saint-Martin offrait un visage de désolation après le passage des ouragans. 

Les Membres de l’initiative CREWS sont l’Allemagne, l’Australie, la France, le Luxembourg et les Pays-Bas. Pour sa part, le Canada veille à la coordination des ressources qu’il fournit. La mise en œuvre est assurée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM), la Banque mondiale et le Dispositif mondial de réduction des effets des catastrophes et de relèvement (GFDRR), avec le soutien du Bureau des Nations Unies pour la prévention des catastrophes (UNISDR). 

Brigitte Collet, ambassadrice chargée des négociations sur le changement climatique, des énergies renouvelables et de la prévention des risques climatiques, a animé la réunion ministérielle. Elle a remercié l’OMM, la Banque mondiale et l’UNISDR, ainsi que les Membres contributeurs et le secrétariat de l’initiative CREWS, sans lesquels aucun des projets susmentionnés n’aurait pu voir le jour. Elle a lancé un nouvel appel de fonds pour financer d’autres projets susceptibles d’apporter des solutions concrètes face à des situations potentiellement mortelles. 

Selon l’OMM, plus de 80 % des pays les moins avancés et bon nombre de petits États insulaires en développement ne disposent que de systèmes d’alerte précoce rudimentaires, et dans bien des pays d’Afrique, les réseaux d’observation météorologique, qui constituent le fondement des systèmes d’alerte, sont inadéquats.